C’était très attendu par de nombreux parents, c’est désormais adopté : le congé de naissance (appelé communément « congé de paternité ») est passé de dix à quinze jours pour les enfants nés après le 1er janvier 2021, et passera à vingt jours dès le 1er janvier 2023. Retour sur une avancée importante pour l’égalité entre les femmes et les hommes, fruit d’un travail initié par Sophie Thémont au Parlement Fédéral, et concrétisé par le ministre socialiste au sein du gouvernement fédéral.
Un congé de naissance au cœur de l’égalité des genres
Jusqu’à fin 2020, papas et co-parents avaient légalement droit à un congé de dix jours après la naissance de leur enfant. Mais, pour Sophie Thémont, ce court congé de naissance ne favorisait pas l’égalité entre les parents : il était loin des quinze semaines accordées dans le cadre du congé de maternité, même en prenant en compte le repos médical de la mère. Pour tendre vers une véritable égalité entre femmes et hommes, il était nécessaire d’allonger le congé de naissance.
- D’une part, le congé de naissance est un outil essentiel dans la lutte contre les discriminations faites aux femmes à l’embauche. De nombreux employeurs préfèrent toujours engager un homme plutôt qu’une femme, susceptible d’avoir des enfants et donc de s’absenter quelques mois. Un congé de naissance plus long permettrait d’atténuer cette discrimination sur le marché de l’emploi, du fait que les futurs pères/co-parents présenteraient eux aussi un risque d’absence durant leur carrière.
- D’autre part, tout comme la mère, le père/co-parent doit également apprendre à s’adapter à sa nouvelle vie, à devenir parent. En favorisant davantage son implication dès la naissance, le nouveau père/co-parent peut acquérir la confiance et les compétences nécessaires pour occuper pleinement sa place au sein de la famille. De plus, permettre au père/co-parent de s’occuper du nourrisson dès la naissance offre la possibilité d’assimiler dès la naissance la responsabilité commune des deux parents dans l’éducation de l’enfant, ce qui, à long terme, aurait une incidence considérable sur la répartition des tâches ménagères et parentales.
Mais, pour Sophie Thémont, si nous voulons assurer une réelle évolution des mentalités, ce congé de naissance doit non seulement être allongé, mais il doit également être rendu obligatoire. En effet, le caractère facultatif de ce congé laisse la porte ouverte à une prise partielle ou nulle du nombre de jours auxquels pères et co-parents ont droit, et ainsi au maintien des inégalités sur le marché du travail et au sein du foyer. Les raisons qui expliquent le non-recours des pères/co-parents tiennent essentiellement de leur crainte de faire mauvaise figure aux yeux de leur employeur ou encore de perdre des opportunités de carrière. Certains pères/co-parents sont également pris dans une vision rétrograde qui voudrait que ce soient les mères qui prennent soin et élèvent les enfants. Rendre le congé de naissance obligatoire participerait à déconstruire ces stéréotypes genrés et à diminuer les pressions professionnelles sur les pères/co-parents. Cela constituerait également une solution au manque d’information, facteur qui explique aussi une partie du non-recours au congé de naissance.
Du Parlement Fédéral à l’Accord de Gouvernement : un congé de naissance allongé et obligatoire ?
Dix jours facultatifs, c’était très insuffisant pour le Parti Socialiste : ils ne permettaient ni de diminuer les inégalités sur le marché du travail et dans la sphère familiale, ni d’améliorer la participation du papa/co-parent dans la vie du nouveau-né. C’est pourquoi, en juillet 2019, Sophie Thémont a déposé une proposition de loi visant à étendre le congé de naissance à vingt jours et à les rendre obligatoires.
En parallèle, d’autres partis ont déposé diverses propositions de loi visant à modifier le congé de naissance. Sur les motivations de ces propositions, tous les partis semblaient d’accord ; les divergences sont surtout apparues quant aux modalités pratiques.
Après près d’un an et demi de discussions au Parlement, en septembre 2020, socialistes, écologistes, libéraux et chrétiens flamands ont abouti à un accord sur le congé de naissance. L’accord de gouvernement contient la décision d’un allongement progressif du congé de naissance dont la durée est spécifiquement déterminée – en passant de 10 jours à 15 jours en 2021, puis à 20 jours en 2023. Si le caractère facultatif est cependant maintenu, les socialistes doivent se réjouir de cet allongement manifeste de la durée du congé.
Ce compromis constitue un progrès social important pour les droits des parents. Les socialistes peuvent être fiers d’avoir œuvré concrètement à une avancée qui garantira un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les femmes et pour les hommes !
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