L’ancien éditorialiste et rédacteur en chef du journal La Wallonie, Joseph Coppé nous a quitté le jour de son 84e anniversaire.
Né à Liège, le 16 janvier 1927 dans une famille ouvrière d’Outremeuse, Joseph Coppé a été, durant sa longue carrière de journaliste apprécié au-delà des clivages idéologiques, un éditorialiste politique reconnu et le rédacteur en chef emblématique du journal La Wallonie à l’influence indéniable tant dans le monde syndical et socialiste que dans la sphère du mouvement wallon.
Collaborateur avec d’autres jeunes liégeois à l’organisation du premier Congrès national wallon en 1945, il fut engagé comme journaliste à La Wallonie par le syndicaliste et ancien parlementaire socialiste Isi Delvigne. Au sein de cette rédaction liégeoise, il rencontra des personnalités politiques et syndicales telles que Hubert Rassart qui lui fit connaître les subtilités du combat politique, Fernand Dehousse qui lui apporta une vision internationale ou Freddy Terwagne avec lequel il partagea une réelle et sincère amitié.
C’est cependant, le nouveau Directeur général du quotidien des métallos liégeois, le flamboyant André Renard qui va le marquer et l’influencer le plus, notamment par la modernité de son engagement syndical, son langage clair et son charisme. Il deviendra l’un de ses très proches collaborateurs et à ce titre fera, par ses articles, la promotion des fondements du « renardisme » comme l’indépendance syndicale, le contrôle ouvrier, les réformes de structure ou le fédéralisme. De la sorte, il participa activement aux événements exceptionnels que furent la « Question royale », la « Question scolaire » et bien entendu la « Grève du siècle » en 1960-61.
Après un passage comme attaché de presse au Cabinet du Ministre des Travaux publics, le Serésien Jean-Joseph Merlot, il réintègre, en 1962, le journal La Wallonie pour y diriger sa rédaction. Sous les présidences de Robert Lambion (1962-1976) et de Robert Gillon (1976-1988), il s’efforça de moderniser l’image du quotidien liégeois en y insérant de jeunes signatures, permanentes ou occasionnelles dans le cadre de tribunes du progrès, comme celles d’André Cools, de Jean-Maurice Dehousse, de Guy Mathot ou celle d’Alain Vanderbist dans un original billet littéraire. La modernisation qu’il insuffla au journal se manifesta notamment par un ancrage local plus diversifié, par le lancement d’une chronique religieuse tenue entre-autres par le théologien Gabriel Ringlet et par une offre culturelle plus en phase avec les attentes des lecteurs d’alors en créant de nouvelles rubriques consacrées au cinéma, aux arts plastiques sous la plume de Jacques Paris, à la bande dessinée tenue par Franklin Dehousse.
Pour donner plus de relief à ces efforts visant une diversification du contenu, Joseph Coppé, sous la direction de Robert Gillon (1976-1988) mena à bien avec celui-ci les évolutions technologiques dont le passage du plomb à la photocomposition et l’apparition de la quadrichromie ainsi que la création de la station FM du journal, Radio Liège, dans les années ‘80.
Pour les 50 ans du journal, en 1969, Joseph Coppé coordonna la réalisation d’une édition spéciale du quotidien qui comportait 248 pages d’actualité et d’Histoire ce qui constitue toujours un record en Belgique. Sa longévité lui permit de former des générations de jeunes journalistes dont tous ont gardé de lui le souvenir d’une personnalité tout à la fois discrète, intègre et chaleureuse. Le monde de la presse écrite, au-delà de son journal, était devenu pour lui une seconde famille. Il fut d’ailleurs président de la section liégeoise de l’Association des Journalistes Professionnels de Belgique et à ce titre fut le fondateur de la Maison de la Presse de Liège.
Politiquement, ses convictions d’homme de gauche furent celles d’une vie, même s’il quitte temporairement le Parti socialiste belge quand celui-ci prononce, au début des années ’60, l’incompatibilité entre l’appartenance au PSB et au Mouvement populaire wallon. Durant la campagne électorale de 1985 et en compagnie de Robert Gillon, il réintègre le Parti socialiste parce que Guy Spitaels lui avait imprimé une ligne aux accents wallons plus significatifs et plus en rapport avec ses convictions fédéralistes.
Pendant près de 45 ans, il s’attaqua, dans ses articles, au système capitalisme à ses dérives et fut l’un des plus vifs pourfendeurs des partisans du néolibéralisme. Respecté humainement par tous ceux dont il n’hésitait pas à analyser, sans complaisance, l’action politique, il était l’auteur d’éditoriaux attendus avec intérêt autant par le lecteur, militant ou non, que par les spécialistes de la politique.
Joseph Coppé s’est éteint le dimanche 16 janvier 2010, affaibli par la maladie mais dans l’affection et l’amour des siens.
Michel Coppé – Janvier 2011