Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la Santé qualifiait pour la première fois la Covid-19 de pandémie mondiale. Un peu plus tôt, le 4 février 2020, un premier cas était confirmé en Belgique. En Wallonie, les pouvoirs spéciaux sont octroyés au Gouvernement par le Parlement le 17 mars pour une durée de 3 à 6 mois.
Suite à cette période inédite, une volonté commune d’organiser la réflexion, l’évaluation et le débat au sein du Parlement wallon s’est dégagée dans le courant de l’été afin de tirer les enseignements de cette première partie de la crise. C’est dans cette optique que la Commission spéciale chargée d’évaluer la gestion de la crise sanitaire par la Wallonie a vu le jour le 15 juillet 2020.
Le rôle de cette Commission spéciale fut donc d’évaluer les aspects sanitaires, économiques, financiers et sociaux de la gestion wallonne, afin d’aboutir au terme de ses travaux à des recommandations permettant de prendre en charge une potentielle future situation de crise sanitaire en Wallonie.
Outre le chef du Groupe socialiste André Frédéric, qu’il convient de citer pour sa ténacité et son travail remarquable, trois parlementaires liégeois se sont illustrés tout au long des travaux de la Commission : Jean-Claude Marcourt, qui en fut le président, Laurent Léonard, l’un des trois rapporteurs et Sabine Roberty, membre à part entière.
Durant plus de 150 heures réparties entre juillet et novembre, les membres de la Commission spéciale ont eu l’occasion d’écouter et d’échanger avec une cinquantaine de témoins et d’acteurs privilégiés de cette crise. Après avoir reçu chaque ministre du Gouvernement wallon, ce qui fut l’occasion d’aborder la complexité institutionnelle de la Belgique, les députés ont décidé de travailler en deux volets : l’un sanitaire et l’autre socio-économique.
En ce qui concerne le volet sanitaire, l’action de l’AViQ, l’Agence pour une Vie de Qualité, a été scrutée avec attention. Au niveau des maisons de repos et maisons de repos et de soins, les représentants des quatre fédérations sectorielles ont été entendus. De nombreux experts et associations de médecine générale et spécialisée sont également venus éclairer les députés, suivis ensuite par des représentants des publics les plus fragilisés comme les personnes en situation de handicap ou présentant des problèmes de santé mentale. Enfin, les organisations syndicales représentatives des membres du personnel soignant ont pu exposer leur vision et leurs préoccupations.
Pour ce qui est du volet socio-économique, les membres de la Commission ont tout d’abord reçu l’AWEX, l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers, qui a rappelé son action décisive, en partie méconnue, dans l’acquisition à l’étranger de matériel de protection. Au-delà de cela et principalement, de longs échanges se sont tenus avec les neuf organisations représentatives siégeant au Bureau du Conseil économique, social et environnemental de Wallonie sur l’impact de la crise pour les travailleurs et les employeurs wallons.
Sur base de l’ensemble des discussions, parfois animées mais toujours constructives, disposant dorénavant d’une meilleure vision sur ce qui a été bien fait, mal fait voire parfois pas fait du tout, les groupes politiques ont pu s’atteler à remplir leur objectif principal : rédiger une série de recommandations pour le Gouvernement wallon.
Ces recommandations, au nombre de 236, devront guider l’action du Gouvernement dans la prise en charge d’une éventuelle future crise sanitaire, mais également dans l’inévitable prolongation de celle que nous connaissons. On y retrouve la nécessité d’éclaircir le rôle des différents acteurs institutionnels (en ce compris en adoptant une unité de commandement au plus fort de la crise), la volonté de renforcer le lien entre les hôpitaux et les maisons de repos (considérées comme des lieux de vie à part entière) ou encore une invitation à professionnaliser le fonctionnement de l’AViQ, notamment via l’élaboration d’un « plan de prévention des pandémies ».
Sans aller plus loin dans le détail des recommandations, on peut également citer l’unanimité qui s’est dégagée en faveur de l’importance capitale des soins de première ligne. L’idée selon laquelle ce sont la prévention et la médecine de proximité qui sont les meilleurs outils pour une politique de santé publique performante semble avoir imprégné l’ensemble des acteurs.
Couchées sur papier fin novembre, les 236 recommandations ont été votées ce mercredi 16 décembre par une large majorité lors de la dernière séance plénière de l’année 2020 du Parlement wallon. En effet, malgré une opposition farouche durant l’ensemble des auditions et travaux, le groupe cdH s’est rallié aux groupes PS, MR et Ecolo dans la dernière ligne droite. De son côté, on le regrette sans en être étonné, le PTB a fait le choix de l’abstention.
Pour peu qu’elle travaille à la mise en œuvre des recommandations de la Commission spéciale, ce dont nous ne doutons pas, la Wallonie sort renforcée de ces mois de travaux.
Afin de terminer également sur une note positive à l’égard de nos députés liégeois actifs au sein de la Commission, on soulignera qu’une opinion unanime a pointé tant le sérieux et l’objectivité de l’ensemble de ses membres que la recherche constante et efficace du consensus par le Président.
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